La panse verte

La panse verte

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[Mise à jour 20 avril 2024]

Un peu d’anatomie
La panse verte ou rumen, est un des quatre estomacs des ruminants qui sert de chambre de fermentation ou plutôt un pré estomac.

 

Appareil digestif d’une vache

 

Comment ça fonctionne ?
L’animal broute de l’herbe et la première mastication part dans la panse ou le rumen. Dans ce pré estomac qui est une chambre de fermentation et de stockage, l’herbe est malaxée dans un bain de bactéries qui vont attaquer la cellulose pour libérer les acides aminés qu’elle contient et qui peuvent ainsi être assimilés par l’organisme. La fermentation produit aussi du gaz (méthane) que l’animal doit évacuer régulièrement.
Dès que l’animal est au repos, la rumination commence. Les végétaux sont alors renvoyés dans la bouche et mastiqués pendant six à huit heures, durant lesquelles les herbes sont broyées en petits brins. À la fin de la mastication, l’herbe ainsi réduite retourne dans le second estomac, le bonnet ou réseau ou réticulum,  qui est le plus petit des pré estomacs qui permet aux éléments les plus fins de passer dans le troisième pré estomac : le feuillet ou omasum, et aux morceaux les plus gros de repartir dans le rumen pour un nouveau cycle de mastication. L’omasum opère un dernier cycle de fermentation et permet une absorption de 60 à 70 % de l’eau.
Ensuite, le bol alimentaire termine dans la caillette ou abomasum qui est l’estomac où les sucs gastriques commencent la « vraie » digestion. Le chyme continue ensuite son chemin dans les intestins.

Les apports nutritionnels de la panse verte
L’analyse d’un échantillon de panse verte (n° #G9716346) réalisé par le laboratoire WoodsonTenent LaboratoriesInc. à Gainesville dans l’état de Georgie (USA), montre que le ratio phosphore calcium est de 1:1 ce qui est idéal pour le chien. Le pH global est plutôt acide, ce qui est meilleur pour la digestion, la protéine est à 15.1, la matière grasse 11.7 et il contient les acides gras essentiels, linoléiques et linoléniques, dans les proportions recommandées.

Si les données sont exactes comme le montre l’analyse faite ci-dessous par une entreprise, il est à noter cependant que le laboratoire cité n’a mis aucune source disponible en ligne sur cette analyse d’échantillon.
De plus, même si le ratio phosphore / calcium est idéal, cela ne signifie pas qu’un morceau de panse puisse remplacer un os charnus sur le long terme. Ponctuellement elle peut apporter un bon équilibre entre calcium et phosphore si votre animal ne peut pas manger d’os charnus, comme après certaines interventions chirurgicales.

La panse verte contient également du Lactobaccilus acidophilus, une bactérie lactique qui est le principal composant des pro-biotiques. Toutefois cette bactérie aide à la digestion des sucres qui ne sont pas présents dans une alimentation crue comme le Prey Model. Si tous les enzymes, « jus » gastriques et les acides aminés aident à la digestion du ruminant, ils n’aident pas la digestion du chien. En effet les enzymes se dégradent en présence d’oxygène. Dès lors, la panse verte ne peut pas être considérée comme un aliment pro-biotique à moins de la donner sitôt l’animal abattu.

Enfin de par son aspect caoutchouteux la panse verte aiderait également au détartrage

 

 

Ou ici

 

La panse verte dans l’alimentation des chiens … et des chats … et des furets.
En France, il est impossible d’en trouver via les filières classiques (bouchers), à cause des normes sanitaires qui précisent  » Les produits tripiers blancs nécessitent une préparation plus ou moins importante à l’abattoir et sont vendus échaudés et blanchis, voire demi-cuits, ce qui leur donne une couleur blanc ivoire. Ils regroupent principalement l’estomac, les pieds, les oreilles, les mamelles et la tête de veau. » (source)

Pour avoir confirmation de cette impossibilité de trouver de la panse verte en boucherie, j’ai contacté la DDPP (cliquez sur l’image puis le format de l’image pour l’avoir en taille réelle)
Voici la réponse :

Les boucheries ne peuvent pas recevoir des abats blancs qui n’ont pas subi avant leur commercialisation un traitement thermique pour les blanchir, car du fait de leur localisation anatomique, mais aussi par leur composition, ceux-ci n’ont pas la même qualité que les viandes. En conséquence, je ne peux que confirmer qu’aucun boucher ne doit être en mesure de vous fournir ce type de produits.

 

 

Mais, vous pourrez en trouver congelée et entière sur certains sites spécialisés.

On lit souvent à tort que la panse verte n’est pas bonne pour les chats ni les furets, car elle remplace les fruits et légumes.
En me penchant sur plusieurs sites américains, j’ai visionné des vidéos de loups mangeant des proies et tout ce que j’ai pu lire mène à la même conclusion : la panse verte se donne vidée de son contenu et rincée à l’eau claire pour la débarrasser des restes de végétaux ou de terre, sable et petits cailloux qu’elle pourrait contenir. Elle contient de nombreux nutriments qui sont également bénéfiques à votre chat ou votre furet.

Parmi les articles que j’ai consultés, un livre a attiré mon attention : “Les loups” de L.David Mech, zoologiste américain expert des loups et Luigi Boitani biologiste italien et directeur du Département de Biologie Animale – Institut de Zoologie à l’université La Sapienza de Rome. Voici un extrait du livre (consultable et téléchargeable gratuitement) :

 

Vous seriez tenté d’objecter que les chiens domestiques ne sont plus des loups depuis longtemps d’autant que le chien ne descend pas du loup mais partage avec lui un ancêtre commun.

Et en cherchant plus avant j’ai trouvé quelques images intéressantes sur ce blog, notamment les photos de 6 à 11, qui me confortent dans l’idée que le contenu est inutile.

Mais également sur cet article très intéressant sur le fait que les loups ne mangent pas la totalité d’une proie

Carcasse d’un orignal

Les quantités
Tout d’abord il est important de se rappeler que la panse verte est optionnelle
En matière de panse verte il existe un grand flou sur comment la donner et en quelle quantité.
Certains en donnent à hauteur de 20 % de la ration quotidienne, d’autres en donnent l’équivalent de deux rations journalières réparties sur la semaine et déduit de la ration de viande, d’autres encore vont jusqu’à quatre rations complètes sur la semaine, mais la panse est riche en graisse et doit être ajoutée aux rations avec raison. L’équilibre est important comme pour tout aliment.

La panse verte est intéressante pour un animal ayant besoin de prendre du poids, un chien de travail, ou encore pour des chiens ayant des pathologies rénales de par son ratio calcium : phosphore. Toutefois gardez à l’esprit que la panse ne remplace pas les os charnus.

Pour rester dans un équilibre global, vous pouvez donc :

  • donner une ration complète de panse dans la semaine.
  • l’ajouter dans la ration quotidienne en guise d’organe.

 

Les différentes couleurs de panse
Lorsque vous entrez chez votre boucher charcutier ou chez le tripier, on vous propose une panse lavée, blanchie par traitement thermique. Aux États Unis, comme en Grande Bretagne, ce traitement se fait également dans un bain chimique (souvent du chlore).

 

Panse blanchie

 

Mais la panse crue a également différentes couleurs et aux regards des sources (2009) scientifiques (2017), il semble que la couleur de la panse soit liée au jus qu’elle contient et dont la couleur varie en fonction de l’alimentation

La couleur  » normale  » du liquide de la panse est vert olive à brun verdâtre avec une odeur douce et fermentée (souvent décrite comme aromatique et non répulsive). Cela ressemble en partie à la composition du régime alimentaire. Les bovins nourris à l’ensilage de maïs ou à la paille ont un liquide de rumen de couleur jaunâtre à brunâtre. Le liquide du rumen des bovins au pâturage est de couleur verte. Les bovins nourris avec des rations très concentrées ont souvent un rumen de couleur olive-brun.
[…] Le liquide du rumen d’un patient atteint d’acidose lactique a généralement une couleur gris laiteux et une odeur rance/acide caractéristique
[…] La couleur du liquide du rumen peut également changer en fonction du régime alimentaire (par exemple, l’alimentation aux betteraves donne une teinte rougeâtre) ou iatrogène (par exemple, l’administration de charbon actif donne une coloration noire ou le saignement dû à une rumenocentèse donne une coloration rougeâtre).

 

 

 

La panse verte incriminée dans des cas de contamination bactérienne
En 2018 les campagnes anti cru se sont multipliées et certaines peurs ont été attisées. Un rapport d’une agence britannique de santé a rapporté quatre cas de contamination (dont un décès) par le STEC (E. coli productrices de shiga toxines) après avoir été exposé à de l’alimentation crue pour chiens. Or il apparaît que pour les 4 cas le dénominateur commun était … la carotte. En effet seuls trois cas sur quatre ont été en contact avec des chiens nourris au cru et sur ces trois cas, deux chiens étaient nourris avec de la panse verte achetée chez le même fournisseur. Toutefois, les analyses n’ont pas pu démontrer que la panse donnée au chien était contaminée. Bref, tout le rapport pointe le doigt sur la panse verte crue et l’alimentation crue. Bien entendu les opposants au cru (dont des vétérinaires), se sont emparés de ce rapport pour ajouter de l’eau à leur moulin.
Un article publié par le Dr Conor Brady vous donne un autre éclairage de ce rapport et vous en donne un extrait croustillant
« En outre, un cas a eu un contact étroit avec un chien, notamment en lui brossant les dents avec sa propre brosse à dents. Ce chien avait également une alimentation à base de viande crue« .
L’article met également en lumière quelques données. Chaque année aux États unis, 48 millions de personnes souffrent d’intoxication alimentaire et 3000 personnes en sont mortes. Parmi les cas de Salmonelle, les fruits et légumes sont les deux principales causes de Salmonellose chez l’homme. (légumes 18 %, fruits 12 %, œufs 12 %, poulet 10 %, bœuf 9 %, porc 8 %) en raison de mauvaises pratiques de culture impliquant les déjections animales. En outre, les légumes à feuilles ont représenté plus du tiers des cas d’infection à E. coli. et les fruits, la moitié de toutes les maladies liées à la Listeria.

 

 

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