Les maladies rénales

Les maladies rénales

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[Edit du 21 décembre 2020]

 

Anatomie et fonction des reins

Les reins ont une forme de haricot et se situent dans la région lombaire. Ils sont composés de petites unités, les néphrons eux-mêmes composés d’un :
– glomérule : ensemble de petits vaisseaux à travers la paroi desquels s’opère la filtration du sang pour devenir de l’urine
– tube : il achemine le liquide filtré par le glomérule
Les reins ont plusieurs fonctions
– l’excrétion des déchets du métabolisme
– le maintien du milieu intérieur constant par la conservation et l’excrétion d’eau et d’électrolytes
– la production de l’hormone érythropoïétine (EPO), qui régule la production des globules rouges (l’hématopoïèse)
– la production de l’enzyme rénine, qui règle la tension artérielle et la réabsorption du sodium
– le métabolisme de la vitamine D dans sa forme active.

 

 

 

 

L’insuffisance rénale aiguë (IR) et l’insuffisance rénale chronique (IRC)

L’insuffisance rénale est une affection qui empêche les reins d’éliminer les toxines de l’organisme.
Elle est aiguë quand elle apparaît brutalement. Elle est chronique quand elle est déjà installée et qu’une grande partie du tissu rénal est détruit. Malheureusement, la perte de ce tissu est irréversible.

  • Les causes
    Elles sont nombreuses et variées en fonction de la maladie (aiguë ou chronique)
    – Génétique
    – Congénitale
    – Les calculs rénaux
    – Une infection
    – L’alimentation industrielle
    – L’hypertension
  • Les symptômes
    Ils sont variés également, mais on note le plus souvent
    – Déshydratation avec soif excessive
    – Difficulté ou augmentation de la fréquence des mictions
    – Abattement
    – Vomissement et / ou diarrhée
    – Perte d’appétit et de poids …

 

Les protéines

Outre les traitements proposés par votre vétérinaire, il est nécessaire d’adapter le régime alimentaire de votre animal, chien ou chat. Si votre praticien n’est pas dans l’optique d’une alimentation crue, il vous dira certainement qu’il faut donner à votre chien / chat des croquettes spéciales dites “renal”. Il vous expliquera qu’il faut réduire les protéines, car un excès de protéines nuit aux reins.
Il est courant pour les praticiens de se baser sur des études faites sur des rats, (une des premières remontant à 1925), à qui on a donné un régime hyper-protéiné. Or le rat est un rongeur granivore à tendance omnivore, ces études sont donc invalides dans le cas des carnivores, même opportunistes comme le chien, d’autant plus chez des carnivores stricts comme le chat.

Les croquettes contiennent des protéines cuites de mauvaises qualités, la plupart issues des céréales qui sont une partie importante des ingrédients.
De plus, l’alimentation sèche déshydrate votre animal et dans le cas d’insuffisance rénale l’hydratation est cruciale.
Enfin les croquettes sont farcies d’ajouts en tous genres : conservateurs, colorants, additifs de synthèse, sans parler des mycotoxines, que les reins doivent filtrer, créant ainsi plus de contrainte à ces organes déjà fragilisés.

 

Le phosphore

Comme beaucoup d’autres sels minéraux auxquels il est étroitement lié, le phosphore est nécessaire à la bonne santé de l’animal. En règle générale l’excès de phosphore est éliminé par l’organisme via les reins, or dans les maladies rénales, cet excès n’est plus correctement excrété. Il semble donc logique d’éviter les aliments riches en phosphore. Cependant, la viande, les os et les abats en sont riches, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille les éliminer définitivement de l’alimentation.
Toutefois, toutes les formes de phosphore ne sont pas égales et la forme synthétique ajoutée à l’alimentation industrielle est moins bien assimilée que la forme naturelle.
Dans un article, le Dr Conor Brady démontre cette moins bonne assimilation par une étude faite en 2007 par Napoli et al sur 183 femmes.
3 groupes ont été constitué :
– un groupe (le groupe “régime”) consomme au moins 70 % de son calcium quotidien à partir de vrais aliments
– un autre (le groupe “complément”) consomme au moins 70 % de son calcium à partir de comprimés ou de pilules
– un troisième dont les pourcentages de source de calcium se situent quelque part entre les deux.
Ils ont constaté que le groupe “régime” consommait le moins de calcium, en moyenne 830 milligrammes par jour, et pourtant ce groupe présentait une densité osseuse plus élevée au niveau de la colonne vertébrale et des os des hanches que les femmes du groupe “complément”, qui consommaient environ 1 030 milligrammes par jour.

De plus récemment d’autres recherches tendent à démontrer que les ajouts synthétiques de phosphore sont ceux qui créent les problèmes

Alexander et al, 2018

Les maladies rénales ont une incidence élevée chez les chats, et certaines preuves mettent également en cause le P alimentaire. Pour approfondir cette question, deux études ont été menées chez des chats adultes en bonne santé. L’étude 1 (36 semaines) a porté sur quarante-huit chats, stratifiés pour contrôler ou tester des régimes alimentaires fournissant 1-2 ou 4-8 g/1000 kcal (4184 kJ) de P (0 ou environ 3-6 g/1000 kcal (4184 kJ) de P inorganique, Ca:P 1-2, 0-6). L’étude 2 (29 semaines) a porté sur cinquante chats, stratifiés en régimes de contrôle ou d’essai, fournissant 1-3 ou 3-6 g/1000 kcal (4184 kJ) de P (0 ou environ 1-5 g/1000 kcal (4184 kJ) de P inorganique, Ca:P 1-2, 0-9). Les marqueurs de santé, le taux de filtration glomérulaire (DFG) et l’équilibre minéral ont été mesurés régulièrement, avec des ultrasons abdominaux. L’étude 1 a été interrompue après 4 semaines, car le DFG du groupe test a diminué de 0-4 (95 % IC 0-3, 0-5) ml/min par kg, et les ultrasons ont révélé des changements dans l’échogénicité rénale. Dans l’étude 2, à la semaine 28, aucune modification du DFG moyen n’a été observée (P >0-05) ; cependant, une altération de l’échogénicité rénale a été détectée chez 36 % des chats testés. En accord avec les études précédentes, l’alimentation avec un régime à base de Ca:P <1-0, une forte inclusion de P total et inorganique a entraîné une perte de la fonction rénale et des modifications de l’échogénicité suggérant une pathologie rénale. L’alimentation avec un régime contenant un P total et inorganique plus faible et un Ca:P proche de 1-0 a entraîné des changements structurels plus subtils chez un tiers des chats testés ; cependant, une néphrolithiase s’est produite dans les deux groupes de régime, ce qui a compliqué l’interprétation des données. Nous concluons que le niveau de P alimentaire total sans effets nocifs observé chez les chats adultes est inférieur à 3-6 g/1000 kcal (4184 kJ), cependant l’effet des sources de P inorganique et de Ca:P nécessite une étude plus approfondie.

 

Cothered et al 2019

Les données présentées ici démontrent que les sources de sels de P inorganiques ajoutés provoquent une augmentation postprandiale temporaire du P plasmatique en fonction de la dose, prolongée dans les régimes alimentaires avec Ca:P <1-0. Le P alimentaire dérivé d’ingrédients alimentaires naturels (par exemple la viande ou les matières végétales) ne semble pas avoir d’effet sur le P plasmatique postprandial.

 

 

Le calcium

Il est étroitement lié au phosphore grâce à une hormone appelée parathormone ou PTH (Parathyroïd hormone). Cette hormone joue un rôle primordial dans la régulation du métabolisme phospho-calcique avec l’aide de la vitamine D.  Mais dans les cas d’IR ou IRC, le taux de PTH est élevé et celui de la vitamine D réduit. La PTH absorbe alors le calcium se trouvant dans les os et il peut en résulter une fragilité osseuse entraînant des fractures et augmente les risques de développer une maladie appelée ostéodystrophie rénale. En outre, ces déséquilibres peuvent entraîner un dépôt de calcium dans les vaisseaux sanguins menant à des maladies cardiaques.

 

L’alimentation

Résumons donc les besoins d’un animal souffrant de maladies rénales :
– Des protéines de bonnes qualités
– Des abats en moindre quantité pour maitriser l’apport en phosphore
– Du calcium
– De bonnes matières grasses et acides gras essentiels contre la perte de poids et d’énergie
– De l’eau fraîche.

En pratique (le tableau vous indique le taux de phosphore en fonction des morceaux) :
– De la viande blanche dont poulet, dinde, lapin
– Du cœur occasionnellement et en petite quantité
– Des os charnus de poulet sans peau, de dinde et de lapin
– De la viande rouge, dont porc, bœuf, agneau
– Des abats en quantité moindre que les habituelles recommandations (diminués de moitié)
– Evitez le poumon, riche en phosphore
– De la panse verte pour son apport en vitamines et son ratio phosphore calcium
– Du poisson en filet

 

 

 

Plus d’infos

Il existe une classification des taux de créatine aidant à la surveillance de l’animal et au traitement approprié. Ce document est à destination du praticien qui suit votre animal.
Voilà ce qui était dit de cette classification dès 2006 (source). Toutefois, cette classification ne prend pas en compte les particularités des animaux nourris au cru.

Voici ce que dit le Dr Lisa Pierson sur l’IRIS

Je suggère également de mettre en place un tableur Excel pour tous les résultats de densité urinaire spécifique de l’azote uréique sanguin (BUN), de la créatinine, du phosphore, du potassium. Ce sont mes cinq grands favoris : l’azote uréique sanguin, la créatinine, le phosphore, le potassium et densité urinaire spécifique. J’ai répertorié tous mes chats, ce qui m’amène au système de stadification IRIS.

Le système de stadification IRIS – IRIS signifie International Renal Interest Society – établit des paramètres pour juger de la gravité des maladies rénales. Lorsque la créatinine est supérieure à X, il s’agit du premier stade. Lorsque la créatinine est supérieure à Y, il s’agit du stade deux. Il y a quatre stades.

Personnellement, je n’aime pas du tout ce système. Je pense qu’il est beaucoup trop strict. La créatinine supérieure à 1,6 est considérée comme un problème. Je ne suis pas d’accord avec cela. Mon propre chat, Robbie, a un taux de créatinine très bas [2s] depuis 10 ans.

Il a 17 ans et ses reins vont encore bien. Je pense que le système IRIS mis en place, alarme les gens inutilement, et trop tôt. Je pense qu’il est trop strict. Je veux juste que les lecteurs et vos auditeurs comprennent que lorsque votre vétérinaire dit qu’il y a une insuffisance rénale de stade 1, c’est un cas de peut-être, ou peut-être pas.

 

 

 

 

Voici donc cette classification mise à jour et sa traduction en dessous.

La stadification est entreprise après le diagnostic d’insuffisance rénale chronique (IRC) afin de faciliter le traitement approprié et la surveillance du patient.
La stadification repose initialement sur la concentration sanguine de créatinine à jeun, évaluée au moins deux fois chez le patient stable. Le patient est ensuite sous-catégorisé en fonction de la protéinurie et de la tension artérielle.
Des algorithmes distincts mais apparentés pour la stadification et la sous – stadification de l’IRC chez les chats et les chiens sont disponibles aux pages 6 – 9 de ce document (cf pdf)
En utilisant ces critères, certaines recommandations empiriques peuvent être faites sur le type de traitement qu’il serait logique d’utiliser pour ces cas.
En outre, les prévisions basées sur des expériences cliniques pourraient être faites quant à la réponse probable à apporter au traitement.

 

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Enfin, cet article ne prétend pas que l’alimentation puisse guérir votre animal. Il a pour but de vous aider à concilier la pathologie dont il souffre et l’alimentation crue. Je vous enjoins vivement à effectuer un suivi strict de votre chien auprès d’un professionnel ayant une opinion positive sur cette alimentation.
De même, les conseils et l’accompagnement que nous vous apportons sur notre groupe Facebook, sont toujours basés sur le diagnostic posé par votre praticien et n’interfèrent ni ne remettent en question les traitements médicaux proposés.

 

Quelques sources :
Le phosphore peut être essentiel pour les reins du chat

– http://www.dogsnaturallymagazine.com/canine-diets-for-kidney-failure/

– https://www.thewholedog.org/artkidneyfailure.html

Anatomie et fonction du rein

Les fonctions du rein

–  Effets des protéines sur les chats en IRC

–  catinfo.org

– Interview du Dr Lisa Pierson vétérinaire experte des chats

Mythologie de la restriction de protéines

 

 

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