Les ajouts du Barf

Lorsqu’on commence à s’intéresser à l’alimentation crue, ce qui revient le plus souvent c’est la peur des carences.
Alors, on se tourne vers le Barf, méthode mise en avant par le Dr Billinghurst. Et là le propriétaire inquiet, se sent rassuré devant tous les compléments à rajouter :
– Yaourt
– Levure de bière
– Algues
– Luzerne
– Huiles végétales ou animales
– Fruits et légumes

Mais sommes-nous toujours dans le cadre de l’alimentation d’un carnivore ? À lire la liste des compléments ainsi énumérés, on est en droit de se poser la question. Et d’ailleurs pourquoi donner tous ces compléments ? Pour se rassurer ? Mais se rassurer de quoi puisque le carnivore n’a pas la même alimentation que l’omnivore que nous sommes.

Que le chien se soit adapté à notre alimentation ne signifie pas pour autant que ce soit bon ou nécessaire pour lui ou pour son organisme. Regardez cet a priori bien connu qui dit que trop de protéines nuit au bon fonctionnement des reins. Si cela est vrai pour un organisme humain, ça ne l’est pas pour celui d’un carnivore dont les protéines animales sont son unique régime alimentaire. On ne peut pas transposer systématiquement les besoins humains à ceux des animaux.

À travers des photos et témoignages, on constate que les poudres et huiles utilisées en prévention d’hypothétiques maladies, sont une partie de plus en plus importante des gamelles. À tel point que, parfois, ils deviennent la majeure partie de la ration quotidienne et que la viande disparaît sous les couches de compléments. Le “naturel” ne doit pas prendre le pas sur le bon sens et la biologie de l’animal. Entendons nous bien, une viande bio est à privilégier sur une viande d’animal produit de manière intensive. En étant nourris au pré, les gros herbivores produisent une viande et des abats riches en acides gras essentiels. Il en va de même pour les volailles et leurs œufs.

Quels sont donc les arguments qui font se tourner vers tous ces compléments ? Si on reste sur le principe que l’on veut se rapprocher au plus près de ce que notre carnivore aurait trouvé dans la nature, certains des éléments de la liste paraissent alors incongrus :

  • Le yaourt :

    Image tirée du site du Dr Billinghurst

    Bien que le lactose soit moins présent dans les produits laitiers du fait des bactéries lactiques qui les transforment, le yaourt est bien souvent la source de tracas digestifs notamment des diarrhées. Le calcium qu’il contient se trouve en quantité dans les os charnus. Quant à l’argument des probiotiques, la flore intestinale des carnivores n’est pas la même que la nôtre, le yaourt est donc inutile.

  • La levure de bière : utilisée pour le pelage et faciliter le transit, la levure de bière est connue pour ses apports en vitamines notamment du groupe B. Toutefois, ces vitamines sont présentes dans les abats et dans les viandes rouges (B12)
    Si la levure est riche en protéines elle ne l’est pas moins en sucre (2.5 %), glucides (21.8 %) et en amidon (3.7 %) (Source).
  • Les algues : si les bienfaits de la spiruline sont indéniables pour des chiens souffrant d’arthrose ou de problèmes articulaires, il n’y a aucune raison pour les ajouter en complément de l’alimentation si votre chien est en bonne santé.
    Pour les apports en iode et en sels minéraux il y a les poissons, les œufs, les crustacés, les autres coquillages, et les abats.
  • La luzerne (alfalfa) : si je m’en réfère aux différents sites français sur le barf, cette plante réduite en poudre est une mine de vitamines notamment B9 (que l’on retrouve dans le foie) et sels minéraux … qui sont déjà présents dans l’alimentation. Elle est même utilisée pour détoxifier l’organisme. Mais un chien nourri au cru et en bonne santé, n’a pas besoin de “détox”.
    Ses bienfaits pour contrecarrer les effets secondaires de la chimiothérapie sont également mis en avant,  mais tous les chiens au barf ne sont pas traités par chimiothérapie heureusement !
    Elle a un effet anti bactérien contre les salmonelles : le ph acide de l’estomac des carnivores est conçu pour gérer les bactéries et les parasites.
  • Huiles végétales et animales : données pour leurs apports en omégas, elles ont surtout un apport de 10 % en lipides. Une alimentation diversifiée en viande, œufs et poissons aura des apports en Omégas 3, 6 et 9 sans avoir recours à des huiles végétales ou animales.
  • Fruits et légumes : dans le cadre du Prey Model, ils sont inutiles. Le chien (et surtout le chat) n’est pas équipé pour digérer les végétaux ni pour en extraire les éléments nutritifs. Pour cela, d’après les pro barf,  il faut l’aider en mixant les fruits et légumes pour casser la cellulose et lui permettre d’absorber les nutriments. Autant s’en passer.

 

 

En conclusion, l’ajout de complément n’a pas lieu d’être si votre chien est en bonne santé et surtout si son alimentation est équilibrée et variée.